Novembre 2007
Si apprendre est rarement une partie de plaisir, comprendre peut être totalement jubilatoire : d’ailleurs tous ceux qui ont ressenti un jour ce violent sentiment savent qu’il l’a été encore plus fort, au moment où ils ont pu le partager avec d’autres, et qu’ils ont pu constater qu’ils étaient compris. La réaction physiologique peut d’ailleurs être si forte, comme un long frisson qui part du bas du dos pour dresser les cheveux sur la tête, qu’au moment où ils le ressentent, ils ont l’impression d’être transporté, « comme sur un petit nuage », parfois ému aux larmes, et en même temps, paradoxalement, ils ont tout simplement le sentiment d’être (Csiksentmihalyi, 2004, 2005). C’est vraisemblablement ce qui fait du métier d’enseignant un des plus beaux métiers du monde, ou en tout cas, un des plus enthousiasmants pour ceux qui ont le bonheur de vivre régulièrement cette expérience optimale. Si les enseignants qui connaissent le flow sont souvent débordants d’activité, ne comptant jamais leurs heures, toujours prêts à innover ou s’impliquer dans un nouveau projet, c’est tout simplement parce qu’ils cherchent en permanence n’importe quelle occasion de recréer les conditions qui vont leur permettre de le ressentir à nouveau. Comme ils ont une meilleure santé émotionnelle (Amherdt, 2004), ils sont dans des dispositions qui les rendent souvent beaucoup plus créatifs que leurs collègues. Ils innovent parfois sans même s’en rendre compte, presque malgré eux. Selon Csikszentmihalyi (2006), l’engagement dans un processus créatif donne la sensation de vivre plus intensément, permet de ressentir un « sentiment de plénitude que nous attendons de la vie et qui nous est si peu souvent offert. Seuls la sexualité, les sports, la musique et l’extase religieuse [...] nous confèrent un sentiment aussi profond d’appartenance à un tout plus vaste que nous-mêmes. » (Csiksentmihalyi, 2006).
No comments:
Post a Comment