Tuesday, May 4, 2010

Pourquoi l'intercompréhension (IC) relève du bon sens et non de l’utopie

A quoi peut bien servir la connaissance de plusieurs langues puisqu'il existe une langue dite internationale qui s'appelle l'anglais ? On peut aussi se demander s'il est vraiment réaliste de viser le plurilinguisme lorsque l'on voit le temps et les efforts nécessaires pour apprendre ne serait-ce qu'une seule langue. Et pourtant...

L'approche intercompréhensive des langues part du constat que les langues sont interconnectées, parfois à un degré très important, et qu’il semble logique d’utiliser à fond ces plateformes communes comme support à leur enseignement. L’IC considère également que l’approche par compétences réceptives : compréhension écrite et orale, permet d’entrer en contact avec des langues plus confortablement et plus efficacement.

L'IC vise bien sûr à nous rendre plurilingues, mais je dirais qu'avant tout elle nous y prépare en décloisonnant les langues, en nous dotant d'outils pour l'apprentissage autodirigé et en positivant notre attitude d'apprenant ainsi que notre conception profonde des langues dites étrangères.

De quoi sera fait le monde de demain ? Bien malin qui saurait le dire. A l'Age de la société du savoir, le cadeau le plus précieux que l'on puisse offrir aux enfants et jeunes adultes d'aujourd'hui est bien sûr de leur apprendre à apprendre ! A quoi sert-il d'apprendre une langue si elle ne nous permet pas de répéter l'opération pour en apprendre d’autres ? A quoi sert-il de commencer l'apprentissage d'une langue étiquetée dès le départ "étrangère" alors qu'elle partage tant de choses avec notre langue maternelle ou d'autres langues déjà apprises ?

L'IC arrive à un moment opportun dans notre monde en évolution rapide. Le nombre de langues parlées ou connues importe moins que la capacité pour tout individu de pouvoir choisir SES langues ainsi que les compétences pour chacune d'elles, comme bon lui semble et en connaissance de cause.

L'IC s'adapte à tout et à tous. C'est à nous professeurs de l'inventer, la réinventer au gré de nos besoins et de nos publics propres. Ce n'est pas une méthodologie, c'est une conception différente et généreuse de l'enseignement/apprentissage des langues. Généreuse à, au moins, deux niveaux :

-envers les apprenants d’abord, car non seulement le professeur offre les outils du savoir à ses élèves pour qu'ils s'affranchissent de son enseignement, mais aussi guide les apprenants de là où ils se trouvent, c'est-à-dire bien plus haut qu’on ne le suppose généralement. En effet, un débutant ne vient pas à son premier cours les mains vides. Il amène avec lui des bagages bien fournis de connaissances préalables, et c’est à nous, professeurs, de lui apprendre à défaire ses valises et utiliser à bon escient ce qu’il y a dedans.

-envers les autres langues ensuite, car elles non plus ne viennent pas les mains vides! Une langue n’est pas une entité isolée qui aurait évolué à l’abri de toutes les autres. Elle a des sœurs parfois jumelles, des cousines, des amies communes…et un réseau de relations tout aussi complexe que celui des humains. Ignorer « l’environnement social » d’une langue, c’est la vouer, à mon sens, à un isolement stérile et affaiblissant.

Apprendre à apprendre. Apprendre à ne pas avoir peur d’apprendre. C’est l’école de tous les possibles et de toutes les audaces. Il serait utopique de penser qu’on n’y est pas déjà…

Intercomprenons nous !



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